Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/03/2012

Le problème grec, la mondialisation et le château de carte.

Cet article a fait l'objet d'une pblication sur 24heuresactu.com

CHARDIN-Le-château-de-cartes-1736.jpg

La mondialisation rend les pays de plus en plus dépendants les uns des autres, et repose sur la croyance que cette dépendance  est bonne car elle fait converger les intérêts, et éloigne ainsi les risques de guerre. L'alignement des intérêts de l’ensemble des pays du monde, ou d’une région du monde, est une intention louable. C’est surtout une illusion très dangereuse.

Car la force d’une chaîne est celle de son maillon le plus faible. Si la Grèce n’était pas dans l’euro, cela fait longtemps que le problème aurait été réglé : la Grèce aurait fait défaut, comme ce fut le cas de l’Argentine ou de la Russie, les créanciers auraient « pris leur pertes », ce qui fait partie de leur métier, et le monde ne se serait pas arrêté de tourner.

Le problème est qu’on a construit un système où tout se tient tellement que l’erreur n’est plus possible, car elle ferait s’écrouler tout l’édifice comme un château de carte. Cette « construction » européenne, qui elle même s'inscrit dans la construction d'une économie « mondialisée », loin de nous renforcer, nous fragilise.

 L’économie c’est le risque. Le risque de perdre. Mais lorsqu'on a plus le droit de perdre, parce que sa survie même est en jeu, la prise de risque devient impossible, et l'économie se bloque se transformant en une bombe à retardement. Nous sommes comme dans une formule-1; nous nous extasions devant la machine que nous avons construite sans voir qu'à cette vitesse un simple gravillon peut causer une sortie de route mortelle. La Grèce est un grain de sable (1% de la richesse mondiale), malheureusement nous sommes dans la voiture.

 La mondialisation transforme progressivement le monde en un colosse aux pieds d’argile. Un peu de dépendance c’est bien, trop de dépendance, c’est trop. Ce n’est pas un hasard si des millénaires d'Histoire ont abouti à l’apparition d’entités appelées les nations; le pays s'est imposé comme l'échelon organisationnel humain le plus cohérent en matière territoriale et socio-culturelle, c'est à dire le plus à même de trouver le juste équilibre entre ce qui peut et doit être fait par lui-même et ce qui peut et doit être fait en collaboration avec les autres.

 Nous sommes attirés vers l’unité, vers le « Grand Un », comme des moustiques vers la lumière, comme Icar par le soleil. Unification, rationalisation, uniformatisation, homogénéisation, harmonisation, fédéralisation, régionalisation, mondialisation, etc. sont les différents noms que prend cette attirance. Jusqu'où irons nous avant de nous brûlés définitivement?

 Comme l’a bien décrit Arthur Koestler1, l’univers, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, repose sur un mode organisationnel dans lequel chaque partie d’un ensemble agit en partie de façon autonome et en partie de façon collaborative. C’est cette organisation qu’il convient de rechercher pour l'économie de la planète; non pas une économie « mondialisée », aussi énorme qu'empotée, manquant de s’effondrer à chaque soubresaut, mais une économie mondiale saine et souple composée de parties agiles, c’est à dire capables de décider de façon autonomes des ajustements nécessaires au bon fonctionnement du tout. Ces parties, se sont les Etat-Nations.

 

1. Arthur Koestler, Le cheval dans la locomotive, Paris, Calmann-Lévy, 1968

 

Le scribe