03/06/2014
L’Union européenne face aux populismes
Par Jean Luc Tari
Cet article a été initialement publié le 2 juin 2014 sur le site Nouvelles de France.fr
Les résultats des élections européennes font apparaître une poussée des populismes. La définition donnée par Wikipédia est la suivante : le populisme désigne un type de discours et de courants politiques, prenant pour cible de ses critiques « les élites » et prônant le recours au « peuple » (d’où son nom), s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti acquis à ce corpus idéologique. On peut ajouter à cette définition que le terme « populiste » est péjoratif. Il s’agit d’un regard condescendant porté sur le peuple. L’élite mise en cause reproche au peuple de mal voter.
Une nomenklatura post-soixante-huitarde serine le même leitmotiv depuis des décennies : « L’Europe, c’est la paix ! Le nationalisme, c’est la guerre ! ». Tel est le slogan justifiant la construction de l’Union européenne. Il est exact que l’Europe connaît la paix depuis 1945 si l’on tient pour négligeables les affrontements en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo durant les années 90. On peut en effet reconnaître que les deux guerres mondiales ont pour cause le nationalisme des grandes puissances européennes.
« On peut soutenir que la construction européenne est une conséquence de la Guerre froide. La paix est davantage due à l’équilibre de la terreur entre les États-Unis et l’Union soviétique qu’à l’existence de l’Union européenne. »
Toutefois, il faut souligner que les débuts de la construction européenne s’inscrivaient dans un contexte de Guerre froide. Il s’agissait au lendemain de la Seconde Guerre mondiale de favoriser la reconstruction et de faire face à la menace du bloc soviétique. Ce danger commun a favorisé le rassemblement des nations européennes. On peut soutenir que la construction européenne est une conséquence de la Guerre froide. La paix est davantage due à l’équilibre de la terreur entre les États-Unis et l’Union soviétique qu’à l’existence de l’Union européenne.
Le résultat des élections européennes donne la première place en France au Front national. Ce résultat s’explique en partie par l’impopularité du pouvoir socialiste. Actuellement, les politiciens français donnent le spectacle d’un pays vassalisé. Le Président français a fait son premier voyage après son élection en Allemagne. Il voulait changer la politique monétaire de l’Union mais la chancelière lui a expliqué que la création de l’euro a pour contrepartie la rigueur budgétaire et la convergence des politiques fiscales. On a souvent expliqué que l’Europe avançait grâce au couple franco-allemand. Maintenant on a l’impression que l’Allemagne dirige seule l’Europe. L’Allemagne est devenue le modèle : ses landers, son système d’apprentissage, sa réforme du marché du travail… Les dirigeants français sont devenus les collaborateurs de la chancelière allemande.
L’Allemagne est actuellement dirigée par une grande coalition. En réaction au national-socialisme hitlérien, les dirigeants allemands sont d’accord pour rejeter le socialisme et le nationalisme. Le renoncement au socialisme est une bonne initiative car cette idéologie a provoqué des catastrophes partout où elle a été expérimentée. Toutefois le rejet du nationalisme est discutable. Le projet européen semble avoir pour but de transférer les compétences des États vers une entité supranationale. On a l’impression que l’objectif poursuivi est un renforcement sans fin du pouvoir de la Commission bruxelloise qui devrait diriger une myriade de régions. D’ailleurs, la France n’existe plus lors des élections européennes, elle est divisée en 8 régions !
« Les peuples sans passé n’ont pas d’avenir. Les Européens ne peuvent pas soutenir une entité technocratique sans âme et ils ne peuvent pas adhérer à un projet sans perspective. »
La poussée des populismes en Europe s’explique certainement par la volonté des peuples de ne pas disparaître et de reprendre en main leur destin. Au Royaume-Uni, l’UKIP arrive en tête. Ce parti souhaite que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. En Grèce, un parti de la gauche radicale surfe sur le rejet du plan d’austérité imposé aux Grecs par les institutions européennes. Dans de nombreux pays européens, des partis anti-immigration prospèrent car l’immigration est perçue comme une invasion sournoise. Cet euroscepticisme et cette xénophobie sont condamnés par l’oligarchie politiquement correcte qui dirige les pays européens et les institutions bruxelloises. Néanmoins, elle est incapable de proposer un projet fédérateur aux peuples européens.
La poursuite de la construction européenne pourrait passer par une reconnaissance des liens unissant les nations européennes. Elles appartiennent à une même civilisation et elles partagent des racines communes. Il faudrait célébrer les valeurs qui unissent les peuples d’Europe : les principes philosophiques de la Grèce antique et ses racines chrétiennes. Mais nous nous complaisons dans la repentance et la haine de soi pour ne pas discriminer les autres. Pourtant les peuples sans passé n’ont pas d’avenir. Les Européens ne peuvent pas soutenir une entité technocratique sans âme et ils ne peuvent pas adhérer à un projet sans perspective.
Il faudrait célébrer la richesse de la civilisation occidentale* : les philosophes grecs, la démocratie athénienne, la puissance de l’Empire romain, les cathédrales, les Croisades, la découverte du nouveau monde, la renaissance, la constitution d’empires coloniaux, la révolution industrielle, les découvertes scientifiques et le génie des artistes et des auteurs européens. Mozart, Beethoven, Chopin, Bach sont tous des compositeurs européens. Léonard de Vinci, Michel-Ange, Botticelli, Rembrandt, Monet, Cézanne, Picasso sont des artistes européens. De même, Galilée, Newton, Einstein, Marconi, Pasteur, Curie sont des scientifiques européens. Nous sommes les légataires d’une civilisation magnifique et nous devrions être fiers des réussites de nos ancêtres et de notre passé glorieux. Sans célébration de ce passé commun, nous ne construirons pas un avenir commun !
*Histoire de l’Europe, Jean Carpentier, François Lebrun et René Rémond
Qu’est-ce que l’Occident ? Philippe Nemo
La richesse de l’Occident, Jean-Luc Tari
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